Ça aurait pu être une après-midi agréable, qui se déroule dans le calme, au soleil. Au départ ça devait être le cas, et puis une chose en amenant une autre et voilà mon beau ciel bleu qui se teint de gris.

Deux jours. A peine deux jours que j'avais pris possession de la maison afin de la préparer au "rush" et déjà les problèmes s'accumulaient. La liste des prétendantes, toutes "filles de...", avait prit un retard incroyable, car bien sur celle à qui j'avais donné cette tâche, avait préféré se faire cuire au soleil plutôt qu'obéir aux ordres. Résultat, tout à reprendre à zéro, éplucher chaque Facebook, afin de déceler celles qui auraient la chance de faire partie du must des fraternités, les Sigma Alpha Epsilon. En plus de ça, la décoratrice d'intérieur que j'avais engagé afin de refaire toutes la déco de la maison, n'avait rien trouver de mieux à faire que de me peindre chaque pièce dans des tons criards horribles ! Résultat, la maison était en chantier et des types sans aucune classe et puants la transpiration avait prit possession des lieux afin d'atténuer le massacre.

Bref, mes vacances à Majorca me manquait de plus en plus. Je n'avais qu'une hâte, que le rush commence afin de torturer de pauvres petites âmes innocentes. C'est dans l'optique de préparer ces fameuses tortures que je m'étais dirigée vers le parc de Dartmouth. J'avais un besoin vital de retrouver mon magnifique ami le soleil, de m'allonger sur les transats mis à disposition et d'échapper à l'odeur de peinture mélangée à celle de transpiration qui se dégageait de chaque pièce de la maison.

En aucun cas j'aurais imaginé que chaque étudiant avait eu la même idée que moi. Les transats étaient tous occupés et comble de l'horreur des footballeurs étaient entrain de courir comme des chiens après ce ballon ovale, me manquant de près à chaque passe. Je décidai donc de me promener un instant en espérant tomber sur un banc à peu près propre et de m'y installer, au calme.

C'est alors que je l'aperçus. En même temps comment la rater du haut de son mètre 80 ! Junie était une TDC, la contradiction parfaite des SAE. Quand nous prônions la classe et le respect de sois, elles nous polluaient les oreilles de propagandes totalement illusoires. A croire qu'elles n'avaient pas compris, que la mode des années 70 était bel et bien terminée !

Nous marchions l'une vers l'autre, et je n'étais pas sur qu'elle m'ait vu, mais tant pis, il fallait que je la nargue, c'était plus fort que moi. Et puis ça au moins, ça égaierait ma journée. Automatiquement j'affichais un sourire satisfait, et me stoppai pile à un mètre d'elle en attendant qu'elle fasse de même.

Je savais qu'elle avait été élue Présidente de sa confrérie, elle devait en être fière. D'un côté, mieux vaut être au commande du royaume des Bisounours que rien du tout. Quoi que ...

Junie ... Quelle magnifique surprise. Je resserrai un peu plus mon cahier contre ma poitrine, tout en gardant mon éternelle sourire hypocrite figé. En tant que présidente des Sigma Alpha Epsilon, je me devais de te félicité personnellement de ta ... promotion. J'haussai une épaule tout en continuant, voilà qui est fait.

Je m'apprêtais à la contourner mais arrivée à ses côté je stoppai net. Au faite, je te souhaite bon courage pour le rush, j'imagine que ça ne doit pas être facile de remplir les chambres pour toi. Qui voudrait être un remake de Janis Joplin sérieusement ... Je lançai un petit rire, l'évidence même était qu'Audrey Hepburn attirait plus. Il se trouve que les cotisations ont augmenté cette année, il serait bête que ta fraternité ferme car vous n'avez pas assez de membre pour les payer.

Malheureusement, dans le fond, je savais qu'elle remplirait son quota de freshwomen. Je la regardais un instant avec pitié. Elle aurait eu temps de potentiel si elle avait été mieux guidée par ses parents. De bonne éducation et de bonne famille, plutôt jolie et un certain goût pour la mode... Je me repris, après tout les "forts" de laissent pas de place pour la pitié.

C’était une après-midi formidable: grand soleil, calme, bleu ciel sans aucuns nuages bref génial. Ca lui rappelait ses vacances en Corse sans la mer et autres petits détails mais dans l’ensemble c’était un temps agréable et parfait pour reprendre petit à petit la vie d’étudiante que Junie avait laissé pendant deux mois.

Junie était assise tranquillement sur un des banc du parc de Dartmouth à se dorer au soleil tout en épluchant la liste des prétendantes qui souhaitaient intégrer une fraternité avec une touche de musique. Etant désormais la présidente de la Thêta Delta Chi elle voulait conserver le rang, les valeurs de la confrérie mais aussi le respect que les gens leurs accordaient. Cette sororité était vu comme respectable. Et les filles qui en faisaient partie comme cool, sympathique qui savent autant s’amuser qu’étudier sérieusement, sans aucuns préjugés venant de tout horizons. En effet, c’était l’une des choses fondamentales de cette sororité: aucunes différences entre les sœurs qu’elle soit riches, moyennement riches, de couleur blanches, noirs, rouges, vertes, d’origines différentes elles étaient traitées toutes de la même manière. Même s’il faut avouer que la plupart étaient des gosses de riches tout simplement car il fallait payé les cotisations, cependant des filles de riches qui - par je ne sais qu’elle bonheur - n’ont pas attrapé le syndrome de la grosse tête comme une autre confrérie que nous ne nommerons pas. D’ailleurs, même Junie, leur présidente, est une gosse de riche. Bref. Passons.

A la fin de l’année dernière, lorsque Junie fut nommée présidente de la sororité, elle prit tout en main et joua la carte de la prévoyance en faisant tout ce qu’il fallait pendant l’été. C’est-à-dire qu’elle appela un décorateur d’intérieur - par l’intermédiaire de son père - pour rénover la maison des Thêta Delta Chi qui était plutôt négligée à cause d’une ancienne Présidente qui n’en voyait pas l’intérêt ou plutôt un intérêt majeur. L’extérieur et l’intérieur sont maintenant flambant neuf, elle avait fait tout cela pour remercier ses sœurs de lui avoir confié la Présidence, pour la sororité mais aussi et surtout pour leur faire plaisir. En tout cas, c’était un soucis en moins. Maintenant, il ne lui restait plus qu’à préparer le rush… il lui fallait des idées et c’était pour cela qu’elle se retrouvait ici, dans le Parc ensoleillé.

Quelques heures plus tard, Junie rangeait quelques dossiers de prétendantes qu'elle avait sorti pour les étudier et se leva pour rentrer ou au moins aller ailleurs. Elle observa les joueurs de football lorsqu’elle en reconnut un parmi eux: Noah, puis elle lui adressa un signe de main accompagné d’un sourire, c’était un bon ami à elle, lui aussi président de sa confrérie. Elle détourna le visage pour reprendre sa route lorsqu’elle aperçut la personne qui rien que par sa présence pouvait démystifier et rendre une journée si belle en une journée horrible. Oui, vous l’avez compris ce ne pouvait être que Melinda Ailey Wilson: peste, garce, manipulatrice et gosse de riche. Les deux jeunes femmes marchèrent l’une vers l’autre jusqu’à ce que mademoiselle s’arrête et Junie en fit de même - petite précision un bon mètre les séparaient - « Junie ... Quelle magnifique surprise. Dit-elle en resserrant son cahier et affichant son sourire hypocrite. En tant que présidente des Sigma Alpha Epsilon, je me devais de te félicité personnellement de ta ... promotion. Ajouta-t-elle en haussant les épaules. Voilà qui est fait. »

Cette fille était hypocrite et pourrie jusqu’à la moelle et prenait un malin plaisir à se foutre ouvertement de la gueule des gens. Honnêtement cette attitude de gamine pourrie gâté était et devenait au final lassante. Junie se contenta d’un haussement d’épaule et d’une phrase.


JUNIE ▬ Eh bien merci. Félicitation à toi aussi.


Eh oui la moindre des politesses. Franchement, Junie n’aurait pu intégré la Sigma Alpha Epsilon, pourtant elle avait quasiment tout les critères pour y entrer sauf le style vestimentaire et le caractère. En effet, Junie n’était pas le genre à écraser les gens pour arriver à ses fins… mais attention tout de même elle en serait capable si elle n’avait pas le choix et surtout avec les gens qui l’insupporte. Melinda semblait en avoir fini pour aujourd’hui et tant mieux, elle arriva à côté d’elle et finit par lâcher « Au faite, je te souhaite bon courage pour le rush, j'imagine que ça ne doit pas être facile de remplir les chambres pour toi. Qui voudrait être un remake de Janis Joplin sérieusement ... Lança-t-elle accentué d’une petit rire aigu, l'évidence même était qu'Audrey Hepburn attirait plus. Il se trouve que les cotisations ont augmenté cette année, il serait bête que ta fraternité ferme car vous n'avez pas assez de membre pour les payer. »

Junie resta impassible mais au fond elle bouillonnait cette peste commençait sérieusement à l’agacer et pourtant elles ne faisaient que commencer…


JUNIE ▬ T’inquiètes pas pour nous va. On s’en sortira très bien. Et puis, vous qui prônez…euh… attendez c’est quoi déjà ? Ah oui, l’élégance, la classe et tout le toutim dont vous êtes si fière tu crois que ce genre de fille accepterons de vivre dans une maison en pleine rénovation avec des ouvriers répugnants dégoulinant de sueur comme de gros porc ? Hum, hum j’en doute et que côté respect de sois tu ai fait le maximum. Répondit Junie un sourire au lèvre en rajoutant des tonnes pour dégouter la demoiselle - tout en utilisant leur propre mot - qui prône le « respect de sois » et cela avait marché car son visage laissa apparaitre une grimace. Mais bon elles s'enficherons surement et resterons au moins pour votre esprit de solidarité. Ajouta-t-elle ironique. Tout le monde savait sur le Campus que la fraternité considérée comme moins solidaire et où il régnait le plus de relations conflictuelles était sans doute bien celle-ci.


Non mais franchement le genre de fille gâté pourrie qui se retrouve toutes dans un même endroit vous croyez à la bonne entente et à l‘esprit fraternité, de solidarité ? Enfin chacun sa définition du mot fraternité. Cependant, Junie voyait déjà le tableau: amitié hypocrite, disputes toutes les cinq minutes pour des choses insignifiantes etc… Mon Dieu qu’elle était contente d’avoir choisi les Thêta Delta Chi. Et puis, lors du rush nous verrons bien, les TDC ne sont pas calculatrices et laisserons les choses se faire tout naturellement, chacune des filles qui se présenterons ferons leur choix puis devrons les assumer.

[HJ: Ca me rappel l’esprit Kappa Tau dans Greek & la guerre entre les Iota Kappa Iota et les Zeta Beta Zeta, toujours dans Greek. XDD]

Sa simple réponse ne me satisfaisait pas. Elle semblait garder son calme, ce qui me faisait perdre le mien. Sachant cacher mes émotions, je préférais avancer de quelques pas, le sourire toujours collé aux lèvres. Cette fille avait vraiment aucun intérêt pour moi, à part celui de me distraire de temps à autres .. Et encore. Bizarrement nous n'avions aucune raison concrète de nous haïr à part le fait de faire partie de deux fraternités en totales contradiction. Je n'avais jamais eu l'occasion de lui parler, de faire sa connaissance. C'est comme si le fait que nous devions être ennemie était inscrit dans nos gênes. Sa façon d'être tout simplement m'était insupportable !

J'avais tapé juste. Rien qu'au ton de sa voix je compris qu'elle allait me répliquer un de ses pavés sois disant méchant. Mon sourire s'accentua .. jusqu'à ce que j'entendis sa réflexion sur les ouvriers. Arg ! Je rageai intérieurement. Comment était-elle au courant de ça ! Une fouine comme elle, elle avait que ça à faire de nous épier à travers ses rideaux ridicules. Par contre le reste de sa phrase me laissa de marbre. Je crus même piquer un fou rire. Elle ! Cet espèce épouvantail vivant, allait me faire une leçon de classe et d'élégance. Mais pour qui se prenait-elle ?!


Melinda - Je me doute qu'avec tes pulls Gap achetés 50$ et tes jeans Diesel à 100$ pièce, tu te pense supérieur à moi. Excuse moi si j'ai les moyens de m'habiller ailleurs que dans les magasins bons marchés. Quand à mes, sois disant, ouvriers ... sachent que tu peux t'en prendre qu'à ton ami, Olivia, qui ne s'est pas occupée de ses tâches cet été. Préférant sans doute coucher avec William ! Oups ! Tu savais qu'Olivia couchait avec ton ex au moins ?


Je jouais la fille faussement gênée d'avoir lâché une "bombe". Qui n'en était pas franchement une étant donné qu'Olivia se taper tout les mecs du campus ! Je me mis face à elle cette fois, lui faisant pleinement face, et sincèrement, je me demandai comment Dieu, qui avait été si bon avec moi, avait pu créer une telle horreur ! Comme quoi l'idéalisme pouvait tout gâcher ! Elle n'avait que la peau sur les os et des pomettes si hautes que j'aurais parié qu'elles étaient refaites. Grimaçant de dégout je lui lançais :


Melinda - Comment j'ai pu croire une seconde que tu ferais une parfaite SAE !


Secouant la tête de gauche à droite pour me reprendre, je relevais les yeux et repris mon sourire hypocrite. Tout était comédie avec moi, ce qui me permettait de cacher mes plus profondes émotions.


Melinda - Sur ce fabuleux dialogue enrichissant et plein de sens, permets moi de me retirer, j'en ai eu assez avec Jocelyne Wildenstein ce matin dans Closer.


Sans prendre la peine d'attendre une quelconque réponse futile et sans aucun sens, je lui tournais le dos et repris mon chemin. Je n'avais plus vraiment envie de traîner dans les parages, il fallait que je rentre à la fraternité afin d'accélérer les ouvriers, hors de question que tout le campus apprennent ce que Miss TDC venait de me répliquer en pleine figure.

I GREEK !!