Comme chacun d'entre nous le sait, détenir le pouvoir engendre obligatoirement des problèmes et j'étais justement entrain d'en régler un avec une 2ème année qui ne comprenait pas pourquoi j'avais le droit à la plus grande chambre pour moi seule, alors qu'elle, pauvre malheureuse, devait en partager une petite avec une autre fille de la confrérie. Comment lui expliquer qu'être à la tête d'une fraternité apporter quelques petits avantages.

Je levais les yeux au ciel, me demandant comment une SAE digne de ce nom avait pu accepté un boulet comme j'avais en face de moi. Je décidais d'opter pour ma spécialité, mon fameux sourire. A la fois moqueur et incertain, hypocrite et tendre, superficiel et compréhensif, personne n'était capable de savoir à quoi je pensai réellement dans ces moments là.

Melinda - Je pense avoir perdu assez de temps avec toi. Sache qu'en aucun cas les choses changeront, j'ai décidé que cette année la présidente aurait le droit à sa propre chambre. Cela te déplait ? Tu connais la sortie.

Elle s'apprêtait à me répondre, argh quelle insolence, d'un regard je la fis taire. Ne pas perdre son calme et son sourire était la clé. Personne ne méritait que je sorte de mes gonds. Emma, ma little sist' venait de faire son entrer dans la confrérie et pour sa première fois, je voulais bien entendu lui épargner une scène. Sans rien ajouter à part un regard glacial je lui tournai le dos et accueillis la nouvelle venue. Cette fois j'affichai un sourire franc. Discrètement je jetai un coup d'œil à ma montre. 18h pile. Je remarquai immédiatement son ensemble Dior, pas tout à fait mon style mais qui restait très classe et convenable. Autant dire que pour le moment c'était un sans faute. J'accentuai mon sourire en l'entendant parler. Un ton clair et doux, calme et posé. Ce qui était sur c'est que je ne regrettais pas mon choix pour le moment.

Melinda - Soit la bienvenue Emma.

D'un signe de tête je fis comprendre aux autres nouvelles années qu'il était temps d'apporter les affaires d'Emma dans sa nouvelle chambre. Bien sur, en tant que petite sœur de la présidente celle-ci serait traitée autrement, ce qui allait créer des jalousies et des ragots, mais n'est-ce pas le quotidien des grands de ce monde ? Savoir comment Emma réagirait face à ces attaques m'intéressait, allait-elle gardé son calme, jouer double jeu ou bien laisser tomber ? Je la pris alors par le bras d'une façon que seules les filles de bonnes familles savaient faire. A la fois chaleureusement mais pas trop. Toujours, tout en nuance.

Melinda - J'espère que tu n'as pas trop eu de mal à trouver ? Je sais combien Dartmouth peut paraître impressionnant lorsqu'on y arrive, mais très vite tu te repèreras.

Je l'amenai directement dans le salon où du thé et des gâteaux nous attendaient. Je la fis s'assoir et en fis de même en face d'elle. Prenant la tellière en porcelaine anglaise je lui servis une tasse, en y ajoutant du lait et une cuillère de sucre. Tout comme je le buvais moi. Tester les nouvelles était un réel bonheur, je savais qu'intérieurement elles se demandaient toujours comment réagir. Emma était la 4 fresh-women que je bizutais, mais je savais d'avance qu'avec elle ça serait différent.

Après m'être servie à mon tour, je tournais la cuillère dans ma tasse et posai mes yeux sur elle, sans rien dire. Le bruit de la cuillère en argent cognant la tasse blanche me détendait toujours. Je profitais de ce petit silence pour penser à ma façon de procéder avec elle. Il fallait que je sois un peu plus dure si je voulais qu'elle gravisse les échelons. C'est alors que je me rappelai de la première question qu'on m'avait posé lorsque j'étais arrivée chez les SAE. Cette question m'avait alors semblé ... étrange. Jusqu'à ce que je comprenne où l'ancienne présidente voulait en venir. L'image des SAE était connu à travers tous le campus, mais qu'en était-il réellement. Étions-nous si hypocrite ? Si manipulatrice qu'on le laissait entendre .. D'un coup je stoppais ma cuillère et posai ma tasse sur la table basse, sans en boire une gorgée.

Melinda - Emma, permets moi d'être franche, et s'il te plaît fais-en de même. Comment pense-tu que la confrérie puisse tenir debout avec toutes ces pestes machiavélique qui rodent dans ses couloirs ? Comment le système peut-il tenir la route, alors que les filles ici sont toutes prêtes à me faire un croche pied dans les escaliers.

C'étaient les mots exactes que j'avais pu entendre l'année précédente. Je me reculais dans mon fauteuil et attendis la réponde, sa réponse.